L'HISTOIRE DU CANNABIS

 

ORIGINE

 L'histoire du Cannabis sativa, aussi appelé chanvre indien, se confond avec les migrations humaines, tellement qu'on l'a surnommé "suiveur d'hommes". La plante aurait pour origine les steppes du Turkestan, une zone qui correspond de nos jours aux république d'Asie centrale et au nord-ouest de la Chine.

A ces endroits des checheurs on retrouvés des fragments de tissus faits de fibres de cannabis datant du IV millénaire. Aujourd'hui, l'herbe pousse encore de façon sauvage dans la valée de la Tchou, au Kasakhstan et elle couvre environ 150000 hectares.

 

DE L'ASIE A L'EUROPE, PUIS L'EGYPTE

A la fin du III millénaire avant J.-C, les peuples nomades d'Europe et d'Asie centrale commencent à voyager et à se disperser. Le cannabis arrive dans le nord de l'Inde avec les Aryens. Un des quatre livres saints des indo-Aryens, l'Atharvaveda, vante les pouvoirs euphorisants du chanvre, qui est un autre nom pour le cannabis.

Dans plusieurs endroits de l'Europe centrale, des objets de poterie décorée datant du début du III millénaire ont été trouvés. Les archéologes croient qu'il s'agit de contenants destinés à brûler du cannabis.

Dans un lieu funéraire de Roumanie, à la fin du IIIe millénaire, on a retrouvé un bol ressemblant à un fourneau de pipe qui contenait des graines.

Dès la IIIe millénaire, des routes commerciales relient les première civilisations. C'est grâce aux échanges entre les peulples que la connaissance du cannabis est transmise jusqu'à l'Egypte, grande puissance du temps. Un papyrusécrit sous le règne d'Aménophis parle du cannabis comme faisant partie des plantes sacrée des pharaons. Il servait dans la composition d'un encens et de philtres magique.

 

LE PASSAGE A L'ERE CHRETIENNE: ANCRAGE DU CANNABIS AU MOYEN-ORIENT

Les invasions indo-européennes qui viennent du nord de l'Iran, achèvent d'ancrer le chanvre dans les civilisations. Ilest utilisé comme encens. Des fouilles archéologiques faites en Turquie, près d'Ankara, prouve l'utilisation de fibres de chanvre en 800 avant J.-C.

Plus au nord, on trouve les Scythes qui sont des guerriers iraniens provenant de la mer d'Aral. Ils cultivent le cannabis au bord de la Volga. L'herbe se propage avec eux vers l'Europe jusqu'ai Balkans, à Kiev, en Bavière et même en Italie du nord. Les gens de ce peupleutilisent le canabis dans des bains vapeur. Ils fabriquent des genres de réservoirs et jette des pierres rougies par le feu à l'intérieur. Ensuite, ils prenne place autour du résevoir et jettent, sur les pierres, des graines de chanvre. La vapeurs qui s'en dégageant est supposée les purifierOn a retrouvé des restes de cannabis dans des contenant de cuivre, dans des tombes datant de 400 av. J.-C. Ces contenants montrent aussi le rôle primordial du cannabis dans la culture des steppes.

Au IVe siècle, Homère, poète grec, décrit dans l'Odyssée comment Hélène de Troie fait boire à son mari un philtre qui abolit la tristesse. Ce philtre est composé de chanvre mélangé à d'autres drogues telles que l'opium. Les civilisations grecque et romaine, connaissent donc bien les effets de la plante. Aux Ier et IIe siècles, les Romains utilisent beaucoup le chanvre pour confectionner les cordages de leurs navires. À cette époque, il est bien vu de distribuer, dans les grandes fêtes et les banquets, des graines de cannabis comme euphorisant, mais ce type de consommation est marginal.

En 175, le médecin Galien met en garde la population contre l'utilisation du cannabis dans les pâtisseries, car cette herbe aurait "la vertu de blesser le cerveau quand on en prend trop".

 

 

 

LE CANNABIS ET LES RELIGIONS: DIFFUSION EN AFRIQUE, EN CHINE ET EN INDONESIE 

Au IIIe millénaire av. J.-C., le cannabis fait son entrée dans les religions. Il porte alors le nom de bhang. Il devient indispensable à la pratique de la méditation. On l'utilise surtout lorsqu'on invoque le dieu Çiva. Selon la légende,pendant les sept étapes que suivit Bouddha pour atteindre l'illumination, il ne se nourrissait que d'une graine de chanvre par jour.

Les missionnaires qui ont pour mission de transmettre la foi bouddhiste à travers l'Asie emportent ces graines sacrées avec eux, de même que plusieurs préparations à base de cannabis, des potions à la résine compressée ( charas ), en passant par les feuilles et les fleurs séchées (ganja ), que l'on fume dans une pipe, le chillum. Au début du IIe siècle de notre ère, le bouddhisme se répand en Indonésie et en Chine. Au XIIe siècle, ce sont les moines bouddhistes chinois qui importent le chanvre au Japon.

À partir du VIIe siècle de notre ère, une nouvelle religion apparaît encore, l'islam. Cette nouvelle religion joue un rôle très important dans la propagation du cannabis, bien que la loi coranique condamne à 80 coups de fouet celui qui boit un liquide enivrant. Mais cet interdit ne semble viser que le vin. Les textes ne citent pas l'usage du chanvre dans le monde musulman avant le XIe siècle. Il est alors utilisé du Yémen à la Syrie. Au Moyen Âge, dans l'islam, la consommation du cannabis semble limitée à des élites qui le consomme mêlé à des boissons ou des aliments. On en retrouve même quelques recettes dans les contes des Mille et une nuits, écrits entre 1000 et 1700.

Le cannabis doit son nom populaire de haschich à l'arabe, où le mot hachîch signifie "herbe". Cette appellation apparaît à partir du XIVe siècle. Vers le XIIe siècle, le monde arabe commence à fumer le cannabis. Cette pratique aurait été introduite en Égypte par les syriens et viendrait d'Iran avec la pipe à eau, peut-être elle-même venue d'Inde. Dans le Maghreb, la pratique serait apparue au XIVe siècle, voire au XVe siècle et serait longtemps restée limitée aux membres des confréries mystiques.

Entre 1090 et 1272, la secte des Assassins ou hachîchiyyîn voit le jour en Irak et en Syrie. Ce groupe, fondé par un Perse ismaélien, Hassan ibn-el-Sabbah, pratique l'assassinat politique pour contester le pouvoir de Bagdad. Il est soutenu par les Fatimides, dynastie de chiites ismaéliens qui domine l'Égypte de 969 à 1171. Lors de son voyage en Perse en 1275, Marco Polo raconte comment les Assassins étaient mis en condition par leur maître après avoir bu "un breuvage qui les endormaient aussitôt". Toutefois, aucun auteur arabe de l'époque ne fait mention de l'usage de cannabis par les Assassins. Le surnom de hachîchi qui leur est donné en Syrie devrait plus être compris comme une image marquant le mépris et le désaccord du peuple envers le fanatisme de cette secte d'intoxiqués de leur Dieu".

Après avoir pris le Caire aux Fatimides à la fin du XIIe siècle, les sunnites essaient d'enrayer l'expansion de l'utilisation du cannabis en donnant des peines aux fumeurs. On va même jusqu'à leur arracher les dents.Mais tout cela reste vain, puisqu'en Égypte, la consommation était devenue purement récréative et avait gagné toutes les classes sociales. Dès le XIVe siècle, les marchands arabes et grecs font le commerce du haschich à travers tout le monde musulman.

Ce sont ces marchands qui ont joué un très grand rôle dans la diffusion du cannabis dans l'Afrique noire, qui commence par l'est, dès la fin du 1er millénaire. Des comptoirs apparaissent le long de la côte et le cannabis est au coeur des échanges qui se font entre les Orientaux et les Banthous (peuples d'Afrique, du sud à l'équateur ) d'Afrique centrale, en pleine expansion vers le sud.

Les plus anciennes traces de chanvre en Afrique, ce sont des fourneaux de pipes à eau datant du début du XIIIe siècle, retrouvés dans le nord du Kenya et le sud de l'Éthiopie. Au milieu du XVe siècle, on retrouve le cannabis en Afrique du sud. Vers l'ouest, sa progression est plus lente: il n'est connu au Zaïre, au Congo et en Angola actuels que dans la seconde moitié du XIXe siècle. À ces endroits, on l'appelle riamba, liamba ou diamba. L'Afrique de l'ouest ignore la plante jusqu'au retour des soldats nigérians ayant combattu en Asie pour la Grande-Bretagne, vers 1945, soit à la fin de la 2e Guerre mondiale. C'est que, dans ces pays, la drogue entrait en conflit avec des produits indigènes comme la datura, l'iboga ou la noix de kola au Congo et au Gabon. Le Sénégal pose une énigme aux historiens: dans certaines régions existe une tradition de culture du cannabis qui remonte au moins au début du XXe siècle. Cela pourrait indiquer que les pasteurs nomades venus d'Égypte ont fait diffuser très tôt le chanvre dans l'Afrique sahélienne.

 

LES CONQUETES: LE NOUVEAU MONDE

Au XVe siècle, à Rome, le cannabis est assimilé à la sorcellerie et on en interdit alors l'usage. Mais certaines pratiques subsistent toutefois en Roumanie , en Tchécos-lovaquie et en Hongrie. En Irlande, jusqu'à récemment, les jeunes femmes consommaient du cannabis pour voir qui deviendrait leur époux.

En même temps, on continue de cultiver la plante pour ses fibres qui servent à fabriquer les voiles et les cordages des navires. On fabrique aussi, avec l'huile des graines, de la peinture et du vernis qui recouvrent les bateaux. La plante devient indis-pensable aux conquêtes et les européens en exportent la culture sur les territoires conquis. Dès le XVIe siècle, les espagnols commencent des plantations au Chili et au Pérou. Ensuite, les Français en commencent aussi au Canada. Au début du XIXe siècle, la maîtrise des champs de la Russie, où se trouve près de 80% des ressources européennes en fibres, sera l'un des enjeux des campagnes napoléoniennes.

En 1798, la vente du cannabis est interdite en Europe, de même que son usage. En 1845, Jacques-Joseph Moreau de Tours, un psychiatre parisien, vante les mérites du cannabis dans le traitement de l'aliénation mentale. À la même époque, l'écrivain Théophile Gauthier se passionne pour la drogue et décide de fonder un club, le club des Hachichins et entraîne avec lui de grands écrivains comme Alexandre Dumas, Charles Baudelaire, Gérard de Nerval et Eugène Delacroix.

Au milieu du XIXe siècle, l'Occident retrouve l'usage thérapeutique du cannabis et l'utilise comme antalgique, somnifère, antitussif ou même pour soigner les douleurs menstruelles, comme c'est le cas pour la reine Victoria. Il devient donc un élément essentiel à toute bonne pharmacie personnelle.

 

 

LE CANNABIS EN AMERIQUE

Les premiers Américains à découvrir le cannabis sont sûrement des esclaves africains expatriés au Brésil par les Portugais, au XIXe siècle. La véritable patrie de cette plante est la Jamaïque, où les Britanniques ont introduit sa culture pour les fibres au XVIIe siècle. Les esclaves ne connaissent pas les propriétés de cette plante, mais finiront par les découvrir vers 1875. Ces Jamaïcains rebaptisent le cannabis ganja, l'herbe qui permet d'oublier les dures journées de travail. Des Caraïbes, le cannabis se propage au Mexique, où sa culture par les paysans commence vers 1880. Ce sont eux qui lui donne le nom de marijuana.

Au début du XXe siècle, la consommation de marijuana apparaît aux États-Unis, suivant les traces des immigrants mexicains et des marins caraïbes: les premiers fumeurs sont signalés au Texas et à La Nouvelle-Orléans. Ensuite, la consommation se dirige vers les intellectuels et vers les artistes de music-hall des grandes villes. Dans les années 1930, on retrouve plusieurs cafés-fumoirs à New-York. Au même moment, l'usage médical du chanvre disparaît à cause de la trop forte concurrence des nouveaux produits pharmaceutiques et des nouvelles découvertes dans ce domaine. Le cannabis devient dès lors une drogue dont il faut à tout prix empêcher la consommation. Par exemple, en 1937, une loi, adoptée sur tout le territoire américain, se prononce contre la légalité de la consommation du cannabis. Cette loi porte le nom de "Marihuana Tax Act ".

Il y a quelques temps déjà, le débat pour la légalisation de cette plante à des fins thérapeutiques a refait surface. Les gens atteints du SIDA comme ceux souffrant d'un cancer, prônent les bienfaits de cette plante, ses effets antivomissifs et apaisants face à la chimiothérapie. Peut-être sommes-nous à la veille d'ajouter un autre chapitre dans la longue et passionnante histoire du cannabis.